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Ebola : des Québécois refusés d’entrée à Cuba. Était-ce justifié ?
07 décembre 2014
Ebola : des Québécois refusés d’entrée à Cuba. Était-ce justifié ?

Le client était allé se marier dans son pays d’origine, le Congo. Trois jours après son retour à Montréal, son épouse et lui mettaient le cap sur Varadero, destination choisie pour leur voyage de noces. Mais leur rêve a tourné au cauchemar : Cuba leur a refusé l’entrée…

Motif invoqué : la prévention de l’Ebola. Pourtant, les clients ne présentaient aucun symptôme de quoi que ce soit et – surtout – ils n’avaient pas mis les pieds dans l’un des pays touchés par la flambée d’Ebola : Guinée, Libéria et Sierra Leone.



 

L’affaire s’est déroulée le 3 octobre dernier. Les clients volaient sur les ailes de Sunwing.

 

NO SON BIENVENIDAS !


Peu après l’atterrissage, des agents les ont pris à part pour les questionner, leur demandant notamment s’ils étaient allés récemment en Afrique – ce qui était le cas. Après un moment, on les a informés qu’ils ne seraient pas autorisés à visiter Cuba et on les a rembarqués illico sur le vol de retour au Canada. On s’en doute, le client a exigé des explications. On lui a juste dit que le refus d’entrée était conforme aux règles de l’aviation. Un extrait du règlement en question a été remis au client une fois de retour dans l’aéronef. 

Le jour même de son retour, le client est allé voir son agent de voyages, dépité comme on peut l’imaginer. L’agence a accepté de le rembourser par crédit. Ils n’avaient pas commis de faute, ni Sunwing. 

EN CAS DE DOUTE...

Cherchant réponse à ses questions – et voulant éviter que situation semblable se reproduise –, nous avons contacté le Bureau de tourisme de Cuba à Toronto. « La dame m’a confirmé avoir eu vent de quelques cas semblables. Quand je lui ai objecté que nulle part, à ma connaissance, de telles règles n’étaient mentionnées, elle m’a répondu qu’en cas de doute, il valait mieux contacter les autorités cubaines pour s’informer. »

 


Omar Laguardia 
Companioni

Tourisme Plus a contacté ensuite Omar Laguardia Companioni, directeur du Bureau de tourisme de Cuba à Montréal, pour connaître son opinion sur l’affaire. Après quelques recherches, M. Laguardia nous a transmis un article provenant du journal officiel Granma. Un représentant du ministère de la Santé publique y présente les mesures appliquées pour contrer l’entrée de l’Ebola à Cuba, y compris les mesures de contrôle sur les passagers.

MESURES RIGOUREUSES

Daté du 14 septembre, l’article signé Lisandra Fariñas Acosta explique que des mesures de surveillances rigoureuses sont appliquées aux frontières cubaines pour prévenir l'introduction de l’Ebola. La journaliste cite Niurka Molina Aguila, chef du département de contrôle de la santé internationale du Ministère de la Santé publique.

« Bien que Cuba n’a pas de vols directs avec les pays ciblés par la maladie, la transmission peut se produire par les voyageurs internationaux, en particulier par ceux qui se déplacent en avion », indique Mme Molina. Elle précise que la surveillance s’est renforcée sur toutes les personnes en provenance d'Afrique et d'autres pays à risque : « en particulier sur les citoyens des pays qui ont signalé des cas d'Ebola; le Nigeria, le Libéria, la Guinée Conakry, la Sierra Leone et la République démocratique du Congo récemment. »

« Une fois la vérification faite auprès des autorités de l’immigration que ces citoyens ne sont pas allé un mois avant dans leur pays d'origine, ils pourront entrer à Cuba », déclare Mme Molina.

TROP RIGOUREUSES?

On remarque ici que le pays visité par les clients – le Congo – est spécifiquement mentionné. Ce qui explique leur refus d’entrée.

De fait, la République démocratique du Congo a bel et bien confirmé des cas d’Ebola. Il est toutefois important de préciser qu’il a été démontré que ces cas d’Ebola ne sont PAS liés à l’éclosion actuelle en Afrique de l’Ouest. [http://voyage.gc.ca/voyager/sante-securite/conseils-sante-voyageurs/ebola-133]

Cuba fait-il preuve d’une prudence excessive en ce qui concerne la prévention de l’Ebola? La liste des « pays à risque » mentionnée dans l’article de Granma le laisse croire, car on y évoque aussi « l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale et l'Asie du Sud » – des régions qui ne sont pas touchées par l’épidémie.

Qui plus est, les mesures mises en place par Cuba vont bien au-delà de celles recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui s’est prononcée CONTRE les interdictions générales aux voyages ou la fermeture de frontières.

Toutefois, comme tout pays, Cuba n’est pas tenu de suivre les recommandations de l’OMS et peut décider souverainement de ses politiques. D'ailleurs, le Canada a aussi été critiqué pour des mesures outrepassant les recommandations de l’OMS.
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Article de Serge Abel-Normandin, 

Tourisme Plus